Google entre ombre et lumière

Suite à des attaques qu’on dit commanditées par le gouvernement chinois et qui ont consisté, entre autre, dans le vol d’informations personnelles concernant des défenseurs des droits de l’homme en Chine afin de les compromettre, Google s’est dit excédé et a haussé le ton. En effet le moteur Google, qui ne détient « que 30% » des parts de marché en Chine (où le leader est Baidu) a annoncé sa décision d’abandonner la censure que l’oblige à pratiquer le gouvernement chinois.

Google.cn

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D’autre part Google s’est dit prêt à se retirer du marché chinois si les attaques contre le moteur ne cessaient pas et si le gouvernement ne l’autorisait pas à lever la censure.

Une censure acceptée

Il faut rappeler en 2006 cette censure était tout à fait acceptée par Google. « Censure contre parts de marché » était le deal. Il ne faut pas non plus oublier que la Chine est le plus gros marché internet potentiel de la terre et que Google est le leader partout dans le monde.. sauf en Chine! Ainsi au départ, Google a bien voulu se plier aux règles du gouvernement chinois, en élagant de ses résultats tout ce qui allait à contre-sens du développement de la Chine et pouvait compromettre sa politique économique et humaine » afin d’avoir la chance de pouvoir mettre un bot dans ce fabuleux marché!
Cependant au fil du temps, Google a souhaité revoir les modalités de cette censure, voire carrément la supprimer. En effet Google se dit pour la libre circulation de l’information. Mais il faut aussi savoir que même si Google ne filtrait pas ses résultats en Chine, les chinois seraient malheureusement dans l’incapacité de consulter certains sites. Ainsi les chinois sauraient que des sites existent mais ne pourraient pas les consulter. Sauf qu’il ne faut pas ignorer qu’un grand nombre de chinois savent tout à fait contourner les mesures de censures exercées par le gouvernement sur l’internet en passant par des proxys. D’ailleurs les solutions sont faciles à trouver. Un Google non censuré permettrait certainement un accès internet non bridé au plus grand nombre.

Google chevalier blanc

En agissant de la sorte et bien qu’il ne soit pas le leader en Chine, Google peut éventuellement passer pour le « chevalier blanc » des libertés en Chine. Hors je pense qu’il n’en est rien et que les plans de Google vont bien plus loin que ces belles paroles. Comme dit plus haut, comment peut-on penser un instant que Google va se retirer du plus grand marché potentiel de la planète pour une histoire de censure? Le fait de blacklister certains sites partout dans le monde parce-qu’ils n’ont pas respecté les sacro-saintes directives de Google n’est-il pas un mode de censure, qui plus est décidé par Google qui dicte les règles et applique les sanctions?

Google veut se faire mousser

Selon moi, modeste blogueuse du dimanche sans prétention, Google souhaite diriger l’attention du public sur son moteur en Chine et s’attirer la sympathie des internautes. En effet les internautes ne manqueront pas de soutenir ce géant américain, symbole de la réussite des temps modernes et de la libre circulation de l’information, et qui vont certainement utiliser d’avantage ce moteur, peut-être en espérant que la censure soit levée, ou tout du moins dans l’idée de soutenir Google. D’ailleurs des gerbes de fleurs ont été déposées par des Chinois devant le siège de l’entreprise Google, preuve de l’attachement des internautes à ce moteur.

Google veut bousculer les règles

En mettant sur la place publique cette histoire de censure imposée par le gouvernement chinois, outre s’attirer la sympathie des internautes, Google souhaite aussi très certainement bénéficier de règles plus libérales et plus souples concernant son business. Ceci permettrait à Google de prendre l’avantage sur ses concurrents locaux qui eux, ne bénéficieraient pas de ces règles, et de pouvoir enfin devenir aussi numéro 1 dans ce pays qui lui resiste.

La puissance d’un moteur de recherche

Ce qui me frappe dans cette histoire c’est que le porte-parole du ministère du commerce chinois a indiqué que quelle-que soit la décision de Google, les relations entre la Chine et les Etats-Unis n’en souffriraient pas. Qui aurait pensé il y a 10 ans que ce type de situation puisse arriver? La Chine assure vouloir la réconciliation il n’empêche que la tournure de cette histoire tourne au politique et à l’économique, avec une action Google en baisse à l’annonce de ce retrait possible de la Chine.

Google ne partira pas de Chine

Toujours selon mon humble avis, Google ne partira pas de Chine. Partir de Chine signifie laisser ce marché immense à ses concurrents, à Baidu mais aussi et surtout à Microsoft, présent en Chine tout comme Google. Avec 26% de la population qui possède un accès internet c’est tout de même un marché de plus de 320 millions d’internautes que représente la Chine, avec un taux de croissance extrèmement élevé (40% de taux de croissance l’année dernière). Et cette question de censure, si elle est nettement plus présente en Chine, est une question qui se pose dans tous les pays. En effet chaque pays possède ses propres règles imposées aux moteurs de recherche, c’est aussi pour cela que Yahoo s’est vu dans l’obligation juridique de filtrer des résultats faisant la promotion du nazisùe dans ses résultats. D’autres exemples concernant des voyages à Cuba filtrés au Canada existent.

Alors qu’en penser?

A l’heure où Google devient omniprésent dans notre vie quotidienne, où Google souhaite tout savoir de nous et de nos intentions et pense pouvoir un jour contrôler nos actions, cette histoire chinoise permet de détourner l’attention du public des véritables desseins de Google. En effet, quoi de plus aisé que de mettre en lumière une action qui peut paraitre courageuse pour cacher de plus sombres ambitions?

Don’t be evil, qu’ils disaient…